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Le Livre de Poche

En 1905, Fayard lance le « Livre populaire », romans populaires à 65 centimes de petit format et en 1916 les éditions Jules Tallandier commercialisent une collection concurrente appelée « Livre de poche », des romans populaires encore moins chers, dont Hachette devra d'ailleurs racheter le nom, comme « Le Livre Plastic », collection créée en 1948 par Marabout1. La maison d'édition allemande Tauchnitz publishers (en) fut sans doute le précurseur du format poche moderne, dès avant 1900. Dans les années 1930, une autre maison allemande Albatross Books crée la première collection moderne de livres de poche, suivi, en 1936, par la maison britannique Penguin Books qui se spécialise également dans la publication de livres au format poche. L'éditeur américain Simon & Schuster lance sur le même modèle en 1939 les justement nommés « Pocket Books (en) »2. Mais le succès rencontré par Le Livre de poche tient à la conjonction de ce nouvel objet de consommation avec l'époque et la demande populaire et estudiantine d'un livre bon marché, surtout que la France traverse une crise du livre en 1949 qui voit le prix du papier exploser : solution économique, en 1953, Le Livre de poche est six fois moins cher qu'un ouvrage grand format grâce à un papier en bobines peu coûteux3, à une reliure arraphique4 d'une nouvelle machine, le perfect binder, qui fabrique un brochage résistant avec le dos du volume collé, et à une couverture recouverte d'un vernis transparent qui la rend résistante5), un livre désacralisé donc, présenté sous des couvertures rappelant les affiches de cinéma, mais néanmoins véhicule d'une littérature de qualité.

Une légende veut que Filipacchi ait eu l'idée de ce format en voyant un jour un soldat américain acheter un livre dans une librairie française, et le déchirer en deux pour qu’il puisse entrer dans les poches de son battle dress6.

Henri Filipacchi réussit à convaincre ses amis éditeurs Albin Michel, Calmann-Lévy, Grasset et Gallimard (via Guy Schoeller) de s'associer à son projet et de devenir ainsi les « pères fondateurs » du Livre de poche qui selon son vœu doit publier le texte intégral de grands auteurs tombés dans le domaine public7.

Les libraires sont d'abord réticents face à ce « livre industriel » au prix agressif qui risque de faire chuter leur chiffre d'affaires et qui est présenté en libre service sur un tourniquet placé près de l'entrée de leur boutique, ce qui est ressenti comme une menace à leur vocation culturelle8.

Le succès commercial s'explique aussi par sa présence hors des seuls réseaux de libraires classiques : dès la fin des années 1950, Hachette distribue cette collection dans les premiers supermarchés, les station services, les drugstores, les kiosques de presse, etc.

https://www.livredepoche.com/